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Plaisir

Ces réflexions, axées sur 10 thèmes indiqués ci-dessus, forment un ensemble.
Chaque thème est revu au fur et à mesure que les réflexions progressent: ainsi contrairement au contenu d'un livre par exemple, ces réflexions sont évolutives.
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PLAN
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Définitions
Exemples
Sommaire
Explications
Ce plan en 4 chapitres est le même pour chaque thème.


DEFINITIONS
Plaisir: État conscient que procure la satisfaction d'un besoin.
Manque: Conscience d'une insatisfaction.
Besoin: Situation de manque ou prise de conscience d'un manque.
Désir: Mouvement instinctif qui traduit chez l'homme la conscience d'un manque.
Conscience: Fonction de l’esprit permettant d’avoir connaissance de ses états.
Pulsion: Force biopsychique inconsciente créant dans l'organisme un état de tension orientant ses besoins.


EXEMPLES DE PLAISIRS
.Manger. Regarder un tableau. Écouter de la musique. Atteindre un but. Apprendre. Croire. Aider. Aimer. Haïr. Dominer. Corrompre.


SOMMAIRE
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1 Théories tentant d'expliquer le plaisir
2 Sources de plaisir
3 Formes de plaisir: éphémère/durable; unique/répétitif; individuel/relationnel.
4 Diversité croissante des plaisirs et création de besoins
5 Plaisirs et cohésion sociale.
6 Le plaisir est désormais déconnecté des notions de bien et de mal



EXPLICATIONS

1 Théories tentant d'expliquer le plaisir
Bonheur, bien-être ou plaisir ? Les liens entre ces trois notions et leur définition ont été longuement discutés par de nombreux philosophes et penseurs, chacun ayant sa théorie, mais sans grande efficacité pratique. En fait le bonheur et le bien-être sont des mythes, des croyances partagées en une finalité pour les individus et les collectivités. Bonheur et bien-être sont ainsi souvent proposés comme des objectifs par les partis politiques, les religions ou la publicité.
Bonheur et bien-être peuvent être considérés comme des états impossibles à atteindre et objets d'une perpétuelle course en avant vers le plaisir. C'est le cas en particulier pour tout ce qui concerne la recherche de reconnaissance par les autres: la recherche de notoriété pour les vedettes ou la volonté de puissance pour un homme politique.

Quant au plaisir, plusieurs tentatives ont été faites pour tenter d’en expliquer le processus.
- La psychanalyse considère le plaisir comme "pulsion de vie". Freud et certains de ses disciples ont eu plusieurs théories successives sur le plaisir: en définitive, il s'agirait d'une sorte de poussée d'énergie visant à établir dans le corps un équilibre éternellement fuyant, toute pulsion de vie amenant finalement au déséquilibre et à la mort.

- Les scientifiques expliquent le plaisir (qu'ils appellent système de récompense) comme une excitation de zones du cerveau qui indiquent "ce qui est bon" pour le corps. La sensation de faim, de soif, le désir sexuel sont des exemples souvent cités.
Les scientifiques savent repérer ces zones du cerveau et les molécules qui excitent ces zones. Ils les détectent avec plusieurs techniques dont l'IRM et en isolant des neurotransmetteurs: ces observations sont plus descriptives qu'explicatives. On ne sait pas pourquoi tel ou tel état d'excitation provoque le plaisir.

Par contre l'étude des addictions (boulimie, alcool, drogues, tabac, écoute de sons très forts, etc...) permet de savoir que ces excitations peuvent être détournées et que ces détournements peuvent amener à des perturbations importantes et même à la mort (cirrhose, overdose, surdité, cancer).
Des expériences sur les rats montrent que ces détournements ne sont pas l'apanage des seuls humains et qu’un rat peut mourir en cessant de s’alimenter pour continuer à éprouver des sensations proches de l’orgasme.
Dans les théories et les analyses non scientifiques, on assimile souvent le plaisir à l’orgasme.

On connait mal les causes du détournement par le cerveau de la fonction de plaisir de "ce qui est bon" vers "ce qui est mauvais".

- L'évolution: le plaisir, au delà de la «poussée d'énergie» ou de la «pulsion de vie» issues des théories freudiennes, serait une pulsion créée par des états de manque, liés entre autres à l'environnement matériel, social et psychologique. Le plaisir pourrait ainsi être une recherche constante de compensation de ces états de manque et un moyen de faire évoluer l'espèce. Chez les humains cette évolution suivrait des voies autonomes et accélérées. Les humains sont en effet la seule espèce ayant le pouvoir de modifier son environnement au lieu de s'adapter à lui. D'où la diversité des plaisirs.
En effet il semble que la diversité sans cesse croissante des plaisirs n’appartient qu’à notre espèce.
Pour évoluer l'espèce humaine est la seule espèce qui transforme à la fois son corps (médecine, soins, psychologie) et le milieu dans lequel elle vit, modifiant ainsi son être et ses conditions de vie. Elle crée ainsi sa propre évolution sans en connaitre la finalité.

Paradoxalement, chez les humains, l'absence d’état de manque est, dans certaine philosophies et religions, un des fondements de la recherche d'états de plénitude comme le nirvana et l'extase. On peut se demander si cette recherche de plénitude n'est pas elle-même une forme de plaisir.

- Explication par les activités conscientes.. Sans qu’on sache encore pourquoi, ni sous l'effet de quelles pulsions, à leurs seuls efforts pour la survie matérielle (nourriture, reproduction, protection, vie sociale), les humains ont peu à peu ajouté d'autres activités individuelles ou collectives qui apparemment n’ont pas pour but que la survie et que l'on peut appeler "activités accessoires". Au début elles étaient inconscientes. Il a pu s'agir de la qualité de la nourriture, du confort de la digestion, des copulations prolongées, du sommeil confortable, de la cohabitation désintéressée, du combat avec des règles, du partage de croyance (voir mythe), etc... Au fur et à mesure que ces activités devenaient conscientes, c’est-à-dire représentées dans le tronc et le cortex cérébral, elles étaient vécues comme des sensations agréables. Ce sont ces sensations agréables qu'on appelle plaisirs. Comme on l'a vu, leur diversité n’a cessé de progresser chez les humains.


2 Sources de plaisir.
La sensation de plaisir peut provenir :
- du corps : la sensation de plaisir provient alors essentiellement les 5 sens externes. Couleurs, sons, odeurs, toucher, gout, ou de leur combinaison.
D’autres sensations de plaisir du corps comme le confort, le luxe, le bien-être font appel aux sens internes. (Pour sens internes et sens externes voir rationnel).
- de la pensée: acquisition de connaissance, création, respect de soi, respect d’un idéal, construction de l’esprit, élimination de la souffrance, atteinte d'un but, croyance, sensation de nouveauté, haine.
- des relations interindividuelles: amitiés, amour, haine, vengeance, entre les membres d’une famille, entre amis, entre membres d'une association, entre sportifs (jeu et compétition),
- des relations avec un groupe : reconnaissance par les autres, domination, organisation, atteinte d'un but collectif, haine, corruption,
- des relations avec des êtres mythiques réels (vivants ou morts comme les artistes, les vedettes, les hommes politiques, les penseurs), ou surnaturels (dieux, héros, prophètes). Les croyances constitutives d'un mythe peuvent être aussi considérées comme l'aboutissement d'un désir, donc un plaisir. La foi est source de plaisir.


3 Formes de plaisir
La sensation de plaisir peut être :
- éphémère/durable
Éphémère: nouveauté, ouverture d’un paquet cadeau, chanson d’une vedette, repas savoureux.
Durable: amour, décoration d’une habitation, perfectionnement dans un sport, un art ou un métier, croyance (religieuse ou autre : voir mythe)
- unique/répétitive :
Unique: naissance d’un enfant, réussite à un examen, promotion professionnelle.
Répétitive: nourriture, impression esthétique, gagner une compétition, arrêter de souffrir.
- individuelle/relationnelle.
Individuelle. Exemples: monter une côte à vélo seul et arriver au sommet, résoudre un problème de maths, jouer du piano, regarder un coucher de soleil.
Relationnelle: Exemples: être reconnu par les autres, dominer un groupe, jouer au football.
Le mimétisme peut jouer un grand rôle dans l'apparition de plaisirs relationnels. Il en est ainsi par exemple de la volonté de reconnaissance et de l'imitation (exemples: être reconnu par les autres ou consommer des produits de mode).


4 Diversité croissante des plaisirs et création de besoins
La diversité croissante des plaisirs semble être propre à l'espèce humaine. Un plaisir étant la satisfaction d'un besoin, il en résulte que naissent toujours des besoins nouveaux. Ils sont liés en particulier à l'éducation) .
Ainsi, au delà des 3 besoins fondamentaux de survie propres aux espèces animales : nourriture, reproduction, protection, on a vu que d'autres besoins (états de manque) sont apparus chez l'homme et qui permettent d'éprouver un plaisir.

Selon certains, la société dite de consommation prône la création de besoin procurant un plaisir via la "marchandise"et la monnaie. La société actuelle ne procurerait plus de plaisir simple et naturel, la plupart des besoins seraient créés, codifiés et quantifiés par leur valeur monétaire et les profits qu’ils dégagent. Pour eux, la société de consommation créerait des besoins factices. Seule solution pour les tenants de cette théorie: le retour à une vie simple où ne domine pas l’argent. Les besoins « marchandisés » provoqueraient un individualisme croissant, la normalisation des manques, la recherche de satisfactions immédiates, l’accélération de l’apparition et de la disparition des modes et des mythes éphémères (voir mythe). Selon les tenants de cette théorie la société de consommation conduirait à terme les humains à la destruction des équilibres de notre environnement, de la vie collective et du bonheur authentique.

D’autres considèrent que le plaisir procuré par des produits fabriqués contribue à augmenter la richesse de tous et à sauvegarder la liberté de chacun. Pour eux, les besoins correspondent toujours à des réalités. Les produits ne peuvent exister que s’ils satisfont des besoins exprimés consciemment ou inconsciemment. Le retour à la nature est un leurre et il faut poursuivre dans la voie de la fabrication de nombreux produits permettant de satisfaire des besoins toujours nouveaux, en particulier grâce aux techniques de fabrication et de communication les plus récents (3D, Internet etc.). Grâce à leur esprit d'innovation, les humains trouveront toujours les voies pour s'adapter à l'environnement, le transformer et accroître leur bonheur.


5 Plaisir et cohésion sociale
Les produits et les biens qui génèrent des plaisirs individuels comme le jeu video solitaire génèrent une cohésion sociale de plus en plus éphémère, et la délite (voir le sujet mimétisme): ils hypertrophient l’individualisme.

Le plaisir collectif peut être satisfait dans un contexte où chacun agit avec effort comme le sport, la musique, la participation à des groupes non professionnels ou professionnels. Mais souvent on accède au plaisir collectif dans des contextes plus ou moins subis comme les spectacles, les sites sociaux ou les jeux vidéo interactifs. Le plaisir devient alors standardisé, transformant le collectif en une juxtaposition de plaisirs individuels, laissant de moins en moins de place à l'imagination personnelle.


6 Le plaisir est désormais déconnecté des notions de bien et de mal
Le plaisir a évolué vers une notion indépendante du bien ou du mal depuis la disparition de nombreux tabous sociaux (sexe, religion, vertu au sens de Montesquieu) et les progrès de l'individualisme. Alors qu’autrefois le plaisir était jugé équivoque et pouvant amener au mal, aujourd’hui la recherche de plaisir parait un but fondamental.

Quoi qu’il en soit, il semble que nous allons vers des évolutions individuelles et collectives importantes des notions de plaisir. La consommation entre dans ce processus. Dans l’état actuel de nos connaissances, il est difficile d'imaginer ce que seront ces évolutions.

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(revu le 22/6/16
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